Les crises

Une crise est un état instable entre deux états stables.                                                     

Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, faisons un peu d’étymologie (Michel Delage et Boris Cyrulik : Famille et résilience, Ed. Edile Jacob 2010, p.168)  : le mot « crise » vient de « Krinein » en grec qui signifie au départ séparer le grain de la balle. La balle c’est l’ensemble des enveloppes qui entourent le grain. Cela signifie donc qu’il va y avoir une séparation, une perte de quelque chose, un déchet qui va permettre l’accès au meilleur : l’épi.

Par la suite, ce verbe a pris le sens de « décider, juger, choisir ». Une crise implique donc la nécessité de faire la part des choses.

En latin, « crisis » signifie manifestation violente, brutale d’une maladie.

Nous trouvons donc deux connotations : une positive avec l’idée d’opportunité et une liée à la douleur avec une notion de danger. Les chinois ont très bien compris cela puisque pour eux le mot crise s’écrit avec deux signes associés : danger et opportunité.

Si nous pouvons imaginer les enveloppes du grain comme autant de carapaces de notre ego (ces images de nous-mêmes auxquelles nous nous attachons mais qui ne sont que des illusions…) et le grain comme le vrai « moi » dont la valeur est inestimable, nous pourrions voir les crises avec plus de sérénité et comme des possibilités de nous libérer de couches inutiles pour devenir pleinement « nous-mêmes ».

On peut distinguer deux types de crises : 1) Les crises auto-référentielles sont des crises de croissance « normales », prévisibles (création du couple, naissance du 1er enfant puis des autres, adolescence, nid vide, retraite, …) 2) Les crises hétéro-référentielles surgissent à l’occasion d’événements imprévisibles (accident, déménagement, licenciement, …).

La plupart du temps, nous arrivons à trouver les moyens de traverser ces crises et de retrouver un nouvel équilibre. Mais parfois, nous faisons « comme si tout allait bien » alors qu’au fond de soi, le malaise s’installe. Parfois, nous sommes conscients de la crise, nous y travaillons mais cela prend du temps et nous n’en sortons pas, ou bien nous ressentons ce qu’il faudrait faire mais une certaine résistance au changement nous en empêche. Or, il s’agit de saisir ce moment pour s’interroger profondément sur ce qu’il remet en cause en nous, ce qu’il dit de nos nouveaux besoins, de nos manques, quitte à devoir ensuite envisager une plus ou moins grande évolution, voire métamorphose, de soi. Lorsque l’aspect « douleur » noie l’aspect « opportunité », lorsque les changements paraissent difficiles, voire insurmontables, il est important de pouvoir en parler et de demander de l’aide.